Larsen : balance ou mytho ? La "street credibility" mise en avant dans la bio du rappeur du 93 a pris un sacré coup, depuis le coup de filet du 29 mars à Tremblay-en-France. La police judicaire de Saint-Denis y avait saisi 2 kilos de cocaïne et près d'un million d'euros, et avait arrêté quatre dealers. Coïncidence : TF1 diffusait le soir même Mes voisins sont dealers, un reportage de la nouvelle émission Haute définition qui s'est aventurée dans la cité visitée par la police, à la rencontre des squatteurs de hall.
Une investigation notamment permise par Larsen. Le début du sujet (visible sur ce site, dont nous ne cautionnons pas la ligne éditoriale) le montre protégeant les journalistes, et supervisant une interview avec de jeunes vendeurs occasionnels. Mais ce qui devait être une intervention médiatique de plus pour celui qui tente de réconcilier banlieues, journalistes et politiques tourne au vinaigre depuis que la PJ de Seine-Saint-Denis a fait tomber les "cousins".
La femme de Larsen agressée
Difficile, pour les jeunes de Tremblay, ne pas faire le lien entre Larsen le médiateur en prime-time sur TF1 et l'opération de police. Si les autorités ont reconnu que la diffusion du reportage avait accéléré leur intervention prévue depuis six mois, Emmanuel Chain, présentateur de l'émission, a défendu un travail "fait en toute indépendance, sans jamais travailler, ni de près ni de loin, avec la police".
Ces explications n'ont pas empêché les jeunes du 93 à faire siffler les oreilles de Larsen. "Poucave", "Boloss", "Fils de p*** de sa grand mère d'indic"... les insultes auraient pu se cantonner aux forums de Rapadonf, ou de Wech.org (voir le sondage "Larsen, une balance ou pas ?"). Mais voilà : interviewé sur le Bondy Blog, Larsen fait également état d'une agression contre sa femme. "On s'en est pris à la mère de mes enfants à son domicile, à Tremblay. Des gens ont cassé sa voiture et l'ont menacée sur son palier."
Pour calmer le jeu, le rappeur tente donc de prendre ses distances avec le reportage de TF1. Dès le 5 avril, il déclarait à BFM s'être senti "trahi", à cause d'un reportage "malsain" :
"Sa seule façon de se protéger est de nous discréditer au maximum"
Son interview au Bondy Blog va plus loin. Il y parle de "dealers bidons" interviewés par les journalistes. Ce qui a provoqué un droit de réponse d'Emmanuel Chain sur le même site, furieux de cette "accusation totalement fausse et diffamatoire". "Sa seule façon de se protéger est de nous discréditer" nous a expliqué Jean-Joël Gurviez d'Elephant et Cie, société productrice de l'émission Haute Définition. "Mais ce n'est pas crédible : si les dealers avaient été bidons, il n'y aurait pas eu d'arrestation, pas d'armes, pas d'argent."
Il est probable, néanmoins, que Larsen n'ait utilisé l'expression que pour désigner les jeunes avec qui il apparaît à l'écran. "Avec Larsen dans le premier immeuble, ce sont des dealers débutants. Larsen leur fait d'ailleurs bien la moral et leur conseille de ne pas tomber plus loin. Appeler ces jeunes des "dealers bidons" n'est pas complètement faux", confirme Jean-Joël Gurviez. Depuis la publication de son interview, Larsen, injoignable, n'a pu nous confirmer que son expression n'était valable que pour cette séquence.
Mais le producteur tient également à préciser que "qualifier l'ensemble du reportage de bidon est une attaque insultante. Après la "séquence Larsen", le sujet part dans d'autres halls d'immeubles, sans lui, avec notamment les dealers professionnels arrêtés par la police. Les journalistes ont remonté beaucoup de "grands frères" pour arriver à ce résultat : Larsen en est un parmi d'autres. C'est le seul à avoir accepté d'être filmé."
Larsen se prend les pieds dans le tapis médiatique ? C'est ce qu'a confirmé au site Arrêtsurimages un journaliste habitué à travailler avec le rappeur. "Il a dû se dire que s’il réussissait à faire un truc avec TF1, il serait le roi du pétrole. (...) Et il s’est brûlé les ailes."